Kurdistan irakien

Publié le par eve.api-oc

Quant on dit aujourd'hui: Kurdistan, on pense à la region autonome kurde d'Irak
En fait, on estime la population Kurde à 30 millions de personnes. 50% des Kurdes vivent en Turquie, 25% en Irak, 18 % en Iran, 3% en Syrie,;il existe aussi une importante diaspora en Europe, en Azerbaïdjan et en Arménie.

 

Kurdes  d’Irak

Au début du 20°siècle l’Irak est sous mandat britannique ; les Kurdes revendiquent alors le droit du peuple kurde à l’autodétermination. En 1919 et 1923 Les Britanniques répriment ces soulèvements

La révolution de 1958 définit l'Irak comme le pays de deux peuples, arabe et kurde. A ce moment là, Mustapha Barzani rentre d'URSS

A partir de 1961, le général Barzani prend la tête d’un soulèvement, et obtient le 11 mars 1970 un accord pour l’autonomie du Kurdistan soutenu par l’Iran du Shah, Israël et les Etats-Unis. En 1968, les Kurdes se rendent autonomes au sein de la république ; de 1961 à 1968, la lutte des Kurdes entraîne la chute de quatre régimes avant que la tendance actuelle du Baas prenne le pouvoir ;

 en 1970 une paix est signée et le gouvernement s'engage à donner l'autonomie à toutes les régions à majorité kurde après recensement. Le recensement ne sera jamais fait (il était décisif pour la région pétrolière de Kirkouk). Une région autonome leur sera attribuée de façon unilatérale et sans pouvoir réel.

la délimitation de la zone autonome, et notamment le refus d’y inclure des villes pétrolifères telles que Kirkouk, et Mossoul est à l’origine du soulèvement kurde de 1974,
En 1974, la guerre reprend sous l'impulsion du vieux leader charismatique Mustapha Barzani, soutenu par l'Iran mais en 1975, l'Iran et l'Irak signent l'accord d'Alger, le mouvement de Barzani choisit de se rendre.

 A partir de ce moment l'Irak adopte une politique d'arabisation dans les régions kurdes pétrolières et frontalières ; une centaine de milliers de Kurdes sont déplacés vers le sud ou vers la région "autonome". En 1976, Saddam Hussein fait connaître un nouveau programme qui sera appliqué jusqu'à la guerre Iran-Irak ; sur 20 km de large aux frontières soit 3 fois la superficie du Liban, les villages seront détruits au bulldozer, les sources bouchées, les cultures détruites. 1 500 villages seront supprimés ; les Kurdes seront dispersés par petits groupes dans des villages arabes ou regroupés en grand nombre dans les "villages stratégiques", véritables camps de concentration.

Les Kurdes irakiens connaissent alors une farouche répression de la part du régime et du parti Baas, qui va se poursuivre pendant 25 ans

En 1988 le gazage de la ville de Halabja, et les campagnes de nettoyage ethnique, dites Anfal (du 23 février 1987 au 6 septembre 1988), feront 182 000 victimes et disparus

 les ONG de défense des droits de l’Homme accusent le régime irakien de crimes contre l’humanité et tentatives de génocide.

Au printemps 1991, le soulèvement kurde et chiite, à l’appel des Alliés de la guerre du Golfe, est un échec total. Le commandement américain laisse le régime de Saddam utiliser sa Garde républicaine, son aviation et son armée de terre contre les civils. 130 000 Chiites sont massacrés, deux millions de Kurdes fuient vers la Turquie et l’Iran

A la suite de cette débâcle les Alliés mettent en place une zone de sécurité au nord du 36ème parallèle.

Cette zone couvre les deux tiers de la superficie totale du Kurdistan irakien, soit 80 000 km2.

Depuis, indépendante de facto, la Région autonome du Kurdistan est dirigée par un gouvernement régional du Kurdistan

 

Administration du Kurdistan Irakien

 

 

la zone située au nord du 36ème parallèle ne correspond pas à la géographie humaine du pays : une part importante des Kurdes d’Irak vit au sud de cette ligne ; De plus, la zone gérée par les Kurdes depuis 1991 ne correspond pas non plus à celle de la Région autonome du Kurdistan officielle mais suit la “ligne verte”...c’est à dire la ligne d’avancement des troupes au moment du cessé le feu..

les élections de 1992, élections à forte participation. Ont amené  les deux partis traditionnels Kurde l’UPK de Jalal Talabani et le PDK  de Massoud Barzani à une quasi-égalité Deux gouvernements recouvrant chacun une région du Kurdistan d’Irak (un UPK et un PDK), se sont donc constitués, chacun avec son Parlement. Des combats, attisés par les Etats voisins  ont opposé ces deux camps..

La situation générale de Irak en 1994/1995, avec la résolution dite “Pétrole contre nourriture” permet l’arrivée de rations alimentaires et le financement d’infrastructures (routes, bâtiments scolaire, adduction d’eau...).

A partir de 1999, la tension se fait moins vive entre les deux parties : les combats cessent, et les contrôles sur les routes entre les deux secteurs kurdes se raréfient

Ce rapprochement s’est accentué et a conduit à la réunification, le 6 octobre 2002, du parlement régional kurde, divisé depuis la guerre fratricide. Cette réunion commune des députés des deux principaux partis a constitué un temps politique et symbolique fort au Kurdistan, permettant de dépasser les clivages. -  

Les kurdes ont été plus loin encore puisque, bénéficiant des circonstances jalal Talabani est nommé président de l’Irak

Massoud Barzani administre la région autonome

Pour les Kurdes aujourd’hui la Kurdistan Irakien est une réussite et un exemple ; La réalisation d’un “Grand Kurdistan” n’est plus aujourd’hui un préalable, et les approches institutionnelles, suivant les pays peuvent être très différentes : fédéralisme, régions autonomes...

Pouvoir mener des expériences similaires pourrait être une prochaine revendication. dans les pays à minorité Kurdes ; cette exemple du Kurdistan Irakien ne plait pas du tout à la Turquie.


 

Publié dans peuples

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E
Exposé trés intéressant qui peut expliquer la géo-politique du père BUSH  lorsqu'il a  ,aprés avoir détruit la presque totalité des forces Irakiennes,refusé  d'aller plus loin et de prendre Bagdad,ce qui mettait ub terme  au régime de Sadam et risquait d'un sou- lèvement général au Kurdistan,mettant l'ami Turc( trois bases de bombardiers Américains en Turquie,prés de la frontière soviétique)en difficulté sur son propre territoire(?)qui est en fait occupé par des kurdes.Ainsi va l'histoire! Pauvre Kurdistan divisé en quatre pays dont l'ethnisme est bien le dernier des soucis,pétrole oblige.Simone Weil a écrit " le principal appui de l'oppresseur réside précisément dans la révolte impuissante de l'opimé et le mensonge du dévouement trompe aussi le maître.Tout homme est es- clave de la nécessité mais l'esclave conscient est bien supérieur".Souhaitons à tous les kurdes qu'ils soient dans la révolte armée ou silencieuse à Ankara de conserver,avec l'espérance,leur dignité dans cette  soumission que  les démocrates  espèrent voir disparaître rapidement. Lo Carles de la Diaspora  
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P
Repères historiquesLe rappel, chaque jour, d’un fait historique important qui ne figure pas dans les manuels d’histoire. 23 mars 2004Outils Imprimer Envoyer    199823mars Quand l’Iran gazait les Kurdes d’HalabjaLe 16 mars 1988, lors d’une offensive iranienne au Kurdistan irakien, les armées irakiennes et iraniennes ont, comme à l’accoutumée, utilisé des obus chimiques (fournis par les États-Unis, le Royaume Uni et l’Allemagne). Sur la ligne de front, un gaz se déplace sur Halabja. Plus de 5 000 civils mourront et les images atroces feront le tour du monde. Elles seront utilisées pour symboliser la barbarie de Saddam Hussein. Une semaine après les faits, le 23 mars 1988, la Defense Intelligence Agency (DIA), qui soutient techniquement l’armée irakienne dans la région, rédige une rapport confidentiel. Il relève qu’au vu du gaz utilisé (du cyanure, alors que les Irakiens utilisent du chlore), il s’agit fort probablement d’obus chimiques iraniens. George Bush senior publiera une version tronquée du rapport en 1989 pour justifier la première Guerre du Golfe et Bush junior en fera usage à son tour. Le New York Times publiera, en janvier 2003, le document originel, mais la machine de propagande fait semblant de l’ignorer jusqu’à ce jour.22 mars 1927 Applications civiles des gaz de combat   18 mars 1871 La butte rouge sonne le début de la Commune   17 mars 1930 Gandhi lance la désobéissance civile  Grégoire SeitherJournaliste et cyber-activiste franco-allemand. Directeur du bureau français de IES News Service.Les articles de cet auteur Envoyer un message
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N
Bravo pour cet article très bien documenté.A propos du gazage de la ville d'Halabja dans le kurdistan iraquien. J'ai lu un article dans le monde diplomatique qui attribuait la responsabilité à l'Iran. Le gazage de la ville ne serait pas volontaire, mais dû à une erreur de tir pendant la guerre Iran Iraq. Les Iraquiens n'auraient pas été en possession de ce type de gaz.Ce n'est qu'en 1990 que les américains auraient mis ce massacre sur le dos de Saddam Hussein.Je vais essayer e retrouver l'article et je te l'envoie.
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